Test du VTT BMC Speedfox 02
Test publié initialement dans le magazine Vélovert – Texte & Photos > Thibaut Simon
Sous son look discret, voire presque commun dans cette version précise, le BMC Speedfox cache un concept innovant bien particulier. Le comportement de la suspension change automatiquement en fonction de l’action de la tige de selle télescopique. C’est un argument de poids, mais le BMC en a beaucoup d’autres pour faire briller sa polyvalence…
BMC Speedfox : plaisirs variés… et plaisir caché
Il faut forcément être averti pour savoir que ce BMC dissimule un étonnant concept dans ses entrailles. Car visuellement, rien ne laisse le supposer. Ah si ! Approchez un peu vos yeux de cette tige de selle, pour constater qu’on n’aperçoit qu’un plongeur et pas de corps. Tiens, bizarre.
Cette tige de selle maison coulisse directement dans le tube de selle et annonce la présence d’un concept novateur. Le Trailsync – c’est son nom – permet de relier directement et instantanément l’action de cette dernière avec le comportement de l’amortisseur et par extension du vélo. Ce qui permet d’optimiser le Speedfox dans la situation d’un pédalage selle haute et d’un pilotage selle basse. Une évidence théorique, certes, maintenant que nous l’avons sous les yeux, sauf que c’est bien une grande première dans l’industrie du VTT pourtant si fertile en petites trouvailles. Comme quoi, il reste toujours des choses à faire, c’est rassurant.
Et bravo donc aux Suisses pour cette innovation qui ne devrait pas mettre trop de temps à se répandre dans la gamme, voire chez les concurrents… Il n’est pas non plus surprenant que BMC ait décidé d’inaugurer son système sur ce Speedfox, encore tout chaud et dernier arrivé dans la gamme (du moins au moment d’écrire ces lignes). Car cette monture occupe parfaitement le segment de la polyvalence avec ses roues de 29 pouces et son débattement de 120 mm. Certains diront que c’est un trail, d’autre un petit all-mountain, nous on dit qu’en théorie c’est le vélo passe-partout qui vise un public très large. Et le Trailsync ne peut a priori que renforcer cette polyvalence. Cette version O2 est une mouture intermédiaire dans la gamme.
Contrairement au Speedfox haut de gamme, celui-ci se dote d’un triangle avant en carbone et d’un bras arrière en aluminium. Plus bas dans la gamme, il existe évidemment aussi une version tout alu. Ici, la fourche est une RockShox Pike ajustée à 130 mm de débattement. Il d’agit du modèle haut de gamme dédié au trail/enduro chez RockShox, voir gamme VTT RockShox.
Et si on peut se permettre, avant même de commencer à rouler avec ce vélo : on émet quelques craintes quant à l’avenir de l’Agonist, le modèle en 110 mm et lui aussi en 29 pouces, sur lequel le Speedfox vient forcément un peu se positionner. Ah ! les luttes fratricides sont parfois sans pitié…
Le test du BMC Speedfox 2018
Il est toujours révélateur de prendre en main un vélo aussi facilement. Vous savez, ce genre d’impression qui vous fait penser que vous avez déjà roulé avec ce VTT cross country et que vous êtes tout de suite à l’aise dessus. C’est bien le cas de ce BMC qui ne fâche personne en matière de position et de géométrie. Rien d’extrême, tout est équilibré, les points d’appuis sont évidents et confortables. On se sent bien. Tout est équilibré et tout a été pensé pour la polyvalence et le confort. Rien de plus logique ceci dit, vu le positionnement que BMC a voulu donner à son nouvel engin.
Mais comprenez bien que cela ne veut pas dire que le vélo est fade. Alors certes, ce n’est pas le plus funky qu’on ait eu à rouler récemment. Mais sa géométrie et la position qu’il offre sur le poste de pilotage permet de soigner celui-ci quand c’est nécessaire et de se faire vraiment plaisir. Et ça tombe bien : avec ses 120 mm couplés à ses grandes roues de 29 pouces, le BMC n’est clairement pas un crosseur. Pas du tout ! Il affiche un comportement de vélo passe-partout, parfait pour les singles techniques, cassants et les virées en montagne. On a parfois coutume de dire qu’on ressent plus de débattement qu’annoncé sur certains vélos. C’est tout à fait vrai sur celui-ci et il faut porter cela au crédit d’une suspension très efficace, elle-même polyvalente.
Et c’est d’ailleurs là qu’entre en scène le fameux concept Trailsync. La différence de comportement entre les deux positions de l’amortisseur est marquée, ce qui nous fait dire qu’on est très loin du simple subterfuge marketing. On est rassuré. Selle haute, on sent que le vélo est bien plus ferme, qu’il rend beaucoup mieux sous les efforts et on n’a rien à craindre en appuyant toujours plus. La suspension n’est pas bloquée, elle réagit toujours sur les gros chocs et offre le strict minimum pour offrir du grip et de la motricité.
Instantanément, on se retrouve avec la sensation d’une suspension d’un véritable cross-country tout-suspendu. Le comportement général du vélo en moins… Il est aussi très facile d’actionner la commande, même si l’ergonomie n’est pas son fort. On pousse parfois le petit levier de manière improbable (il fonctionne à 360 degrés) et il y a toujours un peu une sensation de flou dans celui-ci, mais la réaction dans le système Trailsync est en revanche toujours franche et instantané. C’est bien l’essentiel, nous direz-vous.
Le système offre une position intermédiaire, loin d’être inutile dans les parties ludiques ou un poil technique : la tige de selle descend de quelques centimètres et l’amortisseur s’ouvre déjà totalement, libérant tout le potentiel de la suspension. Position basse, on peut sereinement attaquer dans les parties chaudes et cassantes. Les 120mm travaillent alors idéalement et le vélo distille beaucoup de plaisir à son pilote. Il est stable, reste vif et précis. Il n’est pas forcément prêt à se livrer à quelques excentricités mais il permet d’avaler les obstacles sereinement. À grande vitesse, il les survole littéralement. L’occasion pour nous de saluer le montage cohérent de l’engin, avec notamment une Pike précise et rigide bien plus en rapport avec le all-mountain qu’avec le cross-country. Mais aussi des freins Shimano XT en 180 mm qui permettent d’envoyer velu et quelques excès d’optimisme… Outre les qualités pré-citées du Speedfox, nous avons beaucoup apprécié son confort et la tolérance de l’arrière (nous pesons 90 kilos).
La bras alu n’est ni trop rigide ni trop souple : le châssis est dynamique, réactif et économise aussi son pilote au fil des bornes. Il serait intéressant de voir si la version ‘‘full carbon’’ n’est pas un peu plus restrictive… Au final, le test est vraiment concluant. Ce BMC est naturellement performant et polyvalent de par ses choix en matière de géométrie, de débattement et par la qualité de sa suspension arrière. Mais le Trailsync et ses bienfaits apportent une dose supplémentaire et indéniable de polyvalence en plus. Le vélo s’adapte à toutes les situations et son comportement est efficient en toutes circonstances.
Selle basse ou selle haute. Quand il faut du rendement ou quand on veut utiliser tout le potentiel de l’amortisseur. Bref, un vrai couteau suisse (oui, il fallait bien la placer à un moment donné…).