Test du VTT Santa Cruz Highball
> Test initialement publié dans Vélovert – Texte & Photos > Thibaut Simon
Est-ce qu’on se laisse naïvement abuser par l’image funky de la marque, si on classe ce Santa Cruz dans les crosseurs un poil délurés ? Non. Le Highball a été profondément revu cette année. Et s’il jouit des qualités dynamiques essentielles pour en faire un excellent crosseur, il ne renie pas pour autant l’ADN de la marque. Le confort est exemplaire. Le dynamisme et la maniabilité aussi. Ce qui lui donne un côté joueur. À coup sûr, c’est un pur crosseur capable de plaire aussi à des pilotes qui ne le sont justement pas. On s’explique…
Il faut être clair, il y a peu de crosseurs qui pensent à Santa Cruz en priorité au moment de choisir une nouvelle monture pour leur saison. Non pas que la marque californienne ne se soit jamais positionnée sur le segment (elle a quasiment toujours eu des XC au catalogue), mais l’image du constructeur est tellement forte sur les pratiques “Gravity” qu’on a tendance à oublier qu’elle est aussi présente ailleurs.
Mais aussi – un peu comme Commençal – Santa Cruz a toujours veillé à transmettre son ADN si particulier à tous ses vélos, peu importe le débattement et le positionnement. On parle de plaisir, de pilotage, de fun… Des arguments qui ne sont pas forcément prioritaires pour rouler en cross-country, encore que, on n’est pas tous des compétiteurs en Coupe du Monde…
Au printemps dernier, Santa Cruz a pourtant voulu envoyer un message fort, en ressuscitant son ancien Blur (tout-suspendu de 100 mm) et en refondant totalement ce Highball, le semi-rigide déjà existant. Des poids records – pour Santa Cruz en tous les cas – des nouveaux layups de carbone offrant d’autres qualités dynamiques, des géométries modernes et agressives, etc.
Santa Cruz appuie désormais aussi très fort sur le XC et nous, en ce gras mois de novembre, on appuie très fort sur les pédales de ce Highball CC, dans sa version la plus élitiste. On se prend une véritable gifle en soulevant la bête (pesée précisément à 9330 grammes en taille XL et avec des pédales!). Si le Santa est un vélo de cross-country un peu particulier, il est en revanche parfaitement placé au milieu des références du marché en terme de poids.
Ça sent la performance pure et dure. Confirmation instantanée dès qu’on l’utilise pour la première fois. Un vrai missile ! Le précieux objet est explosif, nerveux à souhait, il offre un rendement de fou sur les parties les plus roulantes et le poids de l’ensemble est une aide précieuse dans tous les cas, surtout en montée où on a l’impression de facilité.
Il faut tout de suite parler des pneus Maxxis Aspen trop roulants et trop peu polyvalents, manquant de motricité et d’accroche sur terrain gras (pour rappel, nous avons effectué cet essai en novembre et décembre). C’est la seule chose que nous pouvons reprocher au montage. Un peu plus de polyvalence et de mordant avec d’autres enveloppes plus agressives et plus larges serait absolument parfait, d’autant que niveau poids, on peut justement se le permettre. Le reste est parfaitement cohérent avec l’esprit XC et il sublime les caractéristiques du cadre. La plus étonnante, c’est le grand confort fourni par le triangle arrière et notamment par la nouvelle architecture des haubans et de leur raccord avec le tube de selle.
Nous lui trouvons un décalage entre son confort de randonneur et ses qualités dynamiques de crosseur explosif. Un compromis insolite qui fait notre bonheur, pour ne rien vous cacher ! Sur les sentiers, c’est alors un délice. Le vélo est facile, il économise le pilote par sa tolérance sans jamais brider ce dernier dans sa volonté d’attaquer et de piloter. Tout est précis : on place le Highball où l’on veut, il répond. Tout est dynamique : on relance sans cesse, il répond encore. L’effronté.
Les sorties sont naturellement dynamiques, peu importe l’état de forme du pilote. On a toujours envie d’en donner plus, quitte à rentrer lessivé. Tout sauf austère, le «Santa» distille des réactions euphorisantes quand on s’excite à son guidon. Il aime virevolter dans tous les sens, sans jamais perdre le cap et il descend honorablement y compris quand ça tape, du fait de son grand confort. Certes léger, mais pas incontrôlable.
C’est un peu le souci avec certains cadres “superlight”. Ils ont parfois du mal à rester précis quand on les agite. Ici, rien ne bronche et la stabilité (certes relative, on ne parle pas d’un enduro) permet d’évoluer en sécurité et en toute sérénité.
De fait, nous avons retrouvé les bonnes sensations que nous avions déjà eues à son guidon lors de sa présentation du côté de Santa Cruz : il est impossible de s’ennuyer avec ce Highball et il est tout à fait autorisé de le faire sortir du strict cadre du VTT. Un petit saut ? Aucun souci, on peut facilement se permettre de prendre des marches assez conséquentes. Les roues en carbone Reserve (c’est-à-dire Santa Cruz elles aussi) apportent certes beaucoup de dynamisme et de rigidité, mais elles sont aussi un gage de solidité et de fiabilité. Parfait cocktail donc (ben oui, c’est un Highball…) entre qualités dynamiques et côté joueur et confortable. L’alchimie prend très vite et offre à ce vélo une vraie polyvalence autant que de réelles performances.
La géométrie permet une position assez neutre, pas forcément très radicale pour un XC, car on n’a pas la sensation d’être nez dans le guidon, même si le reach est long. Ce qui explique aussi en partie pourquoi on se sent si à l’aise dans le pilotage. On est toujours en alerte, prêt à bouger ou à donner une impulsion. Mais on est aussi posé façon confort pour pouvoir passer des heures sur le vélo, lors d’épreuves typées marathon. Le vélo réunit des qualités très différentes qui lui ouvrent beaucoup de portes. À son guidon, on peut rouler fort, on peut rouler longtemps et on peut rouler amusant, voire les trois en même temps. Le plaisir sera toujours aussi intense !