Test du VTT Trek Procaliber 8
> Test initialement publié dans le n°306 de Vélovert (Janvier 2018) – Texte & Photos > Thibaut Simon
Comme Specialized, son plus fidèle concurrent, Trek est un constructeur très orienté sur la compétition pure et dure. Les vélos sont souvent déclinés de ce que la marque fait initialement pour ses pilotes au plus haut niveau. D’ailleurs, on se rappelle très bien nos ‘‘spy-shot’’ du vélo d’Emily Batty, lors du salon de la Sea Otter 2015. La belle Canadienne roulait pour la première fois un étrange Procaliber, doté visiblement du même système Isospeed que nous connaissions uniquement sur les vélos de route de la marque. C’était lancé !
La gamme suivante des Procaliber en carbone s’habillait entièrement de ce concept (lire par ailleurs). Nous avions d’ailleurs testé l’une de ces bêtes de course dans le magazine N°284. C’est maintenant au tour des Procaliber en aluminium de se doter du fameux système. Comme le Chisel de son côté, ce Trek est donc lui aussi une belle nouveauté pour la marque. Et comme Specialized, Trek replace son semi-rigide en alu dans la course, grâce à un concept « maison » censé augmenter les performances du vélo. Car il est bon de souligner une chose : entre les Procaliber en carbone, haut de gamme et employés en compétition, et ces Procaliber alu, il n’y a plus de différence hormis le matériau… et le prix. Les alu, en plus de partager l’Isospeed avec le carbone, reprennent strictement la même géométrie que les aînés ! Pour le dire autrement, en roulant avec ce Procaliber 8 à 1 800 euros, vous roulez avec la même géométrie que les cadres utilisés en coupe du monde… Oui, oui, calmons-nous avec les comparaisons extrêmes.
Retour à la réalité : nous avons pesé ce VTT Trek à plus de 12 kilos (avec pédales), ce qui veut évidemment dire que pour 1 800 euros, il n’y a pas de miracle. Encore une fois, Trek comme Specialized, a dû faire des choix dans les composants évidemment perfectibles pour quelqu’un qui recherche le poids. Pour autant, le montage est conforme lui aussi à ce que l’on attend d’un petit ‘‘VTT cross country’’.
Le test du VTT Trek Procaliber 8
On s’assoit sur le Trek pour constater que la position qu’il offre est un peu plus relevée que sur le Specialized. Pas de panique, il suffit de jouer avec les cales un peu trop présentes sous la potence. Mais cette dernière et le shape du cintre ont de toute façon la faculté de relever un peu le pilote. Ce qui n’empêche pas d’être bien positionné sur la selle et dans les bonnes conditions pour faire chauffer les cuisses. Le pédalage est en effet aisé et le vélo restitue bien les efforts de son pilote.
Un coup de pédale se transforme directement en élan pour le vélo, sur les terrains cassants comme sur les parcours plus lisses où le rendement doit être au top. En fait, ce vélo dispose précisément d’un rendement et d’une motricité remarquables. Mettez-le dans les murs les plus raides, il vous surprendra de mordant et d’aisance. La roue reste collée au sol. Les pneus accrochent bien en toutes circonstances et le châssis semble donner une once de flexion qui booste l’ensemble. Même ressenti quand on roule très vite sur les parcours légèrement défoncés. Alors là, tout de suite, on pense au fameux Isospeed.
Est-ce l’effet de la déformation du cadre, aussi minime soit-elle qui fait son office ? Est-ce le triangle arrière particulièrement bien conçu ? Décrétons qu’il s’agit d’un ensemble, ça sera plus simple. Car, nous, tout ce qui nous importe, c’est que nous ressentons non seulement un vrai confort (après tout, c’est bien ce qui était au cahier des charges de Trek avec l’Isospeed) mais aussi une vraie efficacité au pédalage. Il est sain, sage et obéissant. Le confort et la facilité relative à l’effort économisent le pilote. On se sent l’envie de rouler plus longtemps avec le Trek. Incontestablement, et par rapport au Chisel, il semble plus pouvoir surfer sur les longues distances.
D’autant que le vélo est aussi docile dans la technique et dans le pilotage. Il n’est pas super explosif quand il s’agit d’enchaîner les variations de rythmes et de trajectoires, mais il est toujours enclin à le faire sans broncher. Encore une fois, que ça soit en descente ou dans les parties cassantes, on tient le cap sereinement et facilement. Oui, nous sommes mêmes un peu étonnés que le vélo soit aussi facile à prendre en mains, pour un cross-country disposant d’une géométrie typée « race ». Bonne surprise. Pour autant, la facilité n’est pas forcément synonyme de fun et d’originalité. On passe facilement partout, mais plus en douceur, de la manière la plus droite et la plus évidente. Non, ne nous faites pas écrire ce que l’on n’a pas envie d’écrire : on ne s’ennuie pas pour autant à son guidon. La position de pilotage, sa polyvalence et ses facultés à rouler facilement nous font toujours passer du bon temps. Quand il faut descendre, le Procaliber offre une stabilité très appréciable. Au fil des sorties, un profil semble se dessiner …
Si un collègue avait fait l’éloge d’une version haut de gamme en carbone pour ses performances hors normes en XC pur et dur, cette déclinaison en aluminium, avec ce montage précis, est bien plus faite pour les formats marathon, là où il facilitera la vie du pilote et où il soignera sa patience comme ses avants-bras … L’équipement de notre Trek n’a jamais souffert d’une quelconque défaillance, y compris à la fin de la période de test, quand nous revenions couverts de boue après chaque sortie. Non seulement le vélo est confortable, polyvalent et facile à emmener, il est également fiable. Nous avons pris du plaisir à son guidon. Nous l’avons vraiment aimé pour ce qu’il est.
Focus : la technologie Trek Isospeed
Comme finalement assez souvent, c’est encore une fois en provenance du monde de la route que vient le concept Isospeed cher à Trek. L’Isospeed est précisément une nouveauté sur ce Procaliber en version aluminium. Encore une fois, le concept date d’il y a quelques années, 2012 pour être précis. Il est d’abord apparu sur les vélos de route, sur lesquels Trek voulait apporter plus de confort sans rien enlever aux performances et à la rigidité des cadres, pour des épreuves spécifiques comme le Paris-Roubaix ou d’autres classiques cassantes. Pas question de mettre un amortisseur, évidemment …
L’idée consiste donc à installer un système de découplage du tube de selle par rapport aux haubans, maintenant directement et uniquement liés au top tube. Un axe se charge d’assurer la jonction ‘‘libre’’ entre l’ensemble haubans / top tube et tube de selle. Ainsi, le cadre peut s’autoriser une flexion verticale assurant plus de confort quand on est assis sur la selle en n’enlevant strictement rien au rendement ni à la rigidité du vélo. La flexion de l’ensemble se fait via la déformation des fibres de carbone, ce qui est acquis depuis longtemps dans le domaine du vélo. Évidemment, si ça marche sur un vélo de route, ça doit aussi marcher sur un VTT de XC, qui réclame sensiblement plus de confort.
Trek a donc décliné son Isospeed sur les semi-rigides en carbone, il y a quelques années. Trek annonçait alors 30 % de déformation verticale supplémentaire sur le cadre. Il a ensuite fallu attendre encore pour voir une déclinaison du concept sur des cadres en aluminium. Voici justement, sous vos yeux, le premier vélo à le recevoir.
Evidemment, le cadre en alu a dû être travaillé spécifiquement pour que la matière, naturellement moins flexible que ce qu’on peut faire avec du carbone, puisse offrir ce qu’il faut de déformation pour recevoir l’Isospeed. Trek annonce une différence d’oscillation en fonction des tailles de cadre, pour que le fonctionnement s’harmonise au mieux avec le gabarit du pilote.