Le vélo au féminin
Ou en est-on de la pratique du vélo chez les femmes ? Ce sport longtemps catalogué masculin est-il enfin en train d’émerger et de conquérir un public féminin ?
Le vélo au féminin : constat
C’est bien connu, le monde du vélo est très populaire chez les garçons et l’est beaucoup moins chez les filles mais fort heureusement les choses sont en train de changer ! Exit les stéréotypes et les croyances qui taxent ce sport de masculin, les mentalités évoluent et l’on commence à voir de plus en plus de filles qui pratiquent le vélo de route, le VTT, le BMX et toutes ces disciplines extrêmes où les filles ont leur place et une carte à jouer. Il n’y a qu’à voir les scores de l’anglaise Rachel Atherton qui a remporté son douzième titre de championne du monde de DH (VTT de descente) à Mont Ste Anne et ce en réalisant le 6e plus haute vitesse garçons compris !
C’est inconscient mais le vélo est catalogué comme un sport de garçon au même titre que le rugby ou le football. Si l’on regarde du côté des statistiques, cela se confirme, c’est un milieu principalement masculin : en 2015 seulement 10% des licenciés à la Fédération Française de Cyclisme étaient des femmes, ce qui est très peu. Généralement ce taux est plutôt de 30% dans les autres fédérations.
Les choses changent : le cyclisme se féminise
La Fédération Française de Cyclisme a la volonté de promouvoir la pratique féminine et a lancé un plan de féminisation qui a pour but d’adapter la pratique aux jeunes filles, de créer des niveaux homogènes et de former les encadrants et pratiquants sur le changement des mentalités. La communication doit commencer par eux ! Il s’agit de casser les stéréotypes.
De même du côté de l’UCI (Union Cycliste Internationale), son Président Brian Cookson met tout en œuvre pour améliorer la condition des cyclistes féminines, ce qui contribue à rendre ce sport plus populaire.
Du côté des athlètes, le cyclisme féminin en France s’est longtemps résumé à Jeannie Longo mais on voit apparaître aujourd’hui de nouveaux visages sur les podiums, avec notamment Julie Bresset championne olympique en 2012 de cross-country et championne du monde en 2012 et 2013 (elle est aujourd’hui retraitée), Audrey Cordon plusieurs fois championne de cyclisme sur route et sur piste et Pauline Ferrand Prévot triple championne du monde de cyclisme sur route, cyclo-cross et VTT en 2015. La relève est assurée et le cyclisme français a trouvé son égérie en la personne de Pauline Ferrand Prévot (présente sur la photo avec son magnifique casque de vélo femme RedBull) qui entraîne les foules et permet de rendre ce sport plus médiatique et de toucher un public féminin. Elle rassemble une grande communauté sur les réseaux sociaux et ouvre la perspective d’attirer plus de filles dans cette discipline, de décider de potentielles cyclistes à s’inscrire dans des clubs.
Les événements cyclistes féminins se multiplient
Les courses cyclistes féminines sont très peu médiatisées, surtout en France, d’où la difficulté d’attirer des nouvelles recrues. Les courses les plus populaires ont lieu en dehors de nos frontières avec notamment le Tour d’Italie féminin qui existe depuis 1989. C’est l’un des trois plus grands rendez-vous internationaux du cyclisme féminin qui est retransmis à la télé. Au pays Bas également le cyclisme féminin suscite l’engouement du public et de nombreuses courses ont lieu dans le pays.
En France, ce n’est pas encore le cas et vu l’engouement médiatique pour le Tour de France, si populaire dans notre pays, pourquoi n’y a-t-il pas de Tour de France féminin ? Il y a bien eu des tentatives par le passé mais qui ont eu du mal à perdurer. Le 1er tour de France féminin a vu le jour en 1955 et comptait 41 participantes mais il a vite suscité les moqueries et l’indifférence des journalistes et s’est arrêté au bout de quelques années. Une deuxième tentative a lieu dans les années 80 avec le lancement du Tour de France féminin sur lequel les coureuses faisaient une partie de l’étape des hommes en lever de rideau, une épreuve qui a duré jusqu’en 1993. En 1992 est lancée la première édition de la Grande Boucle féminine, une épreuve sur 15 jours qui s’arrêtera en 2009 suite à des problèmes financiers. Elle sera remplacée par la Route de France, une épreuve d’une semaine qui existe encore aujourd’hui avec un prologue, une épreuve de contre la montre et 7 étapes mais qui ne connaît pas le même succès. Le parcours est moins intéressant et n’attire pas les têtes d’affiche, la majorité des participantes sont des amatrices.
Alors, malgré ces tentatives, pourquoi est-ce si difficile de voir apparaître un Tour de France au féminin ? Plusieurs raisons sont évoquées : pas assez de spectateurs, trop compliqué d’organiser un Tour de France masculin et un Tour de France féminin… Le fait est que les choses commencent à bouger suite à une pétition signée par 90 000 personnes pour réclamer la tenue d’un Tour de France féminin. ASO a alors organisé en 2014 La Course by Le Tour de France qui a lieu sur une journée sur les Champs Elysées, quelques heures avant le passage du peloton masculin. C’est un premier pas, une action qui va dans le bon sens et qui a perduré jusqu’à maintenant, on espère que cela va prendre de l’ampleur pour en faire une épreuve sur plusieurs jours.
Une autre initiative qui va de ce sens et qui met bien en avant le cyclisme féminin : un groupe de 8 jeunes femmes cyclistes amatrices rassemblées sous le nom Donnons des Elles au Tour qui réalisent les 3 semaines d’étapes du Tour de France sous une grande couverture médiatique depuis 2015. Elles réalisent chaque étape un jour avant les hommes. Cette idée est née du projet Donnons des Elles au vélo créé par le COCCF (Club Omnisport de Courcouronnes Cyclisme Féminin).
L’idée est aujourd’hui de faire parler du cyclisme féminin et le rendre populaire auprès des médias, ce qui permettra aux filles de s’intéresser à ce sport, de leur donner envie de se lancer et encourager la création d’autres courses. A noter que les réseaux sociaux représentent un atout non négligeable pour renforcer cette médiatisation, c’est un support de communication grâce auquel les courses sont fortement suivies.
En ce qui concerne le VTT, qui est une discipline plus récente, c’est différent, il y a toujours eu des courses masculines et féminines. Dès les années 90, les femmes ont eu leur place sur les compétitions de cross-country. En cyclo-cross il faudra attendre 10 ans après la première Coupe du monde en 1993 pour que les femmes y participent. En BMX, les filles participent dès les premiers championnats du monde en 1982.
Petit à petit le monde du cyclisme féminin se développe, et pas seulement sur les courses de haut niveau.
On voit de plus en plus de femmes participer à l’Etape du Tour, la cyclo sportive la plus populaire en France, même si le pourcentage reste très bas par rapport à la participation masculine puisqu’il était de 5% en 2016.
Des associations font leur apparition pour promouvoir la pratique du vélo chez les femmes comme Les Bikettes : une association qui organise des sorties VTT à Annecy entre filles, des sites spécialisés comme Elles font du vélo qui donnent de nombreuses informations et conseils sur la pratique du vélo au féminin, Gravity ladies, Girls on Bike à Monclar …
La Fédération Française de Cyclotourisme organise un rassemblement vélo 100% féminin : « Toutes à vélo ». La première édition a eu lieu en 2012 avec un rassemblement à Paris et la deuxième en 2016 avec un rassemblement à Strasbourg. Le 5 juin cette année, plusieurs milliers de femmes sont parties de différentes régions de France et d’Europe et ont rejoint Strasbourg à vélo. Le but des organisatrices est de « briser les clichés sur un sport majoritairement masculin » et c’est plutôt réussi puisque 5000 femmes se sont réunies à Strasbourg cette année.
A noter aussi que de plus en plus de filles pratiquent le BMX, il existe même des tutoriels sur YouTube et des cours pour les adultes qui veulent s’essayer à la rampe. Certaines championnes de BMX se sont réunies pour tourner un film de rideuses en BMX : ChickFlickBMX et la première championne olympique de BMX race est française ! Il s’agit de Anne-Caroline Chausson, c’est elle qui a vraiment permis d’attirer les filles dans ce sport.
Les femmes sont donc bien là ! Le vélo au féminin évolue, de nombreuses actions sont mises en place pour faire connaître ce sport et attirer de nouvelles recrues, ce qui est très prometteur pour l’avenir, on est impatients de voir la suite !