ITW : à la rencontre de Xavier Thévenard
Doit-on présenter Xavier Thévenard ? Si vous avez arpenté les rues de Chamonix ou Courmayeur à la fin d’un mois d’août des dix dernières années alors vous l’avez vu à l’oeuvre. Pour les autres, Xavier est jurassien, ultra-traileur et un amoureux de la montagne. Si nous devons vous donner un aperçu de son palmarès, ça donnerait : triple vainqueur de l’UTMB (2013, 2015 & 2018), vainqueur des TDS, CCC et OCC ou encore des 90km du Mont-Blanc. Tout cela rien qu’à Chamonix car il a aussi gagné sur le Festival des Templiers ou l’Ultra-Trail du Mont Fuji au Japon.
Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec lui autour de la gamme Camelbak mais également de sa saison 2020 et de sa pratique.
Alltricks (A) : Les courses ont repris, tu seras au départ de l’UTCAM (Ultra-Trail Côte d’Azur Mercantour) ?
Xavier Thévenard (XV) : Je profite d’être surplace pour courir le 45km (ndlr : il retrouvera au départ un certain Julien Jorro) mais surtout dans l’objectif de faire un bloc d’entrainement pour préparer la suite de ma saison. C’est aussi l’occasion de changer de terrain d’entrainement et retrouver des organisateurs que je connais bien.
(A) : Tu prépares donc des échéances ?
(XV) : Sur septembre j’aimerai bien être au départ du trail des Aiguilles Rouges (27/09 – Chamonix (74)) et si possible fin octobre au départ des Templiers (15 au 18/10 à Millau (12)). J’ai également été pacer pour mon frère Jean-Marie sur l’Échappée Belle le week-end dernier.
(A) : Pour 2020, tu avais fait le choix de te consacrer à 100% au trail. Si on met de côté le contexte, tu as quel regard sur ce choix ? Tu as réussi à t’épanouir ?
(XV) : J’ai réussi à faire des projets qui sont différents d’une saison “classique”. La montagne est vaste, même près de chez soi il y a plein d’endroits à découvrir. Et le fait qu’il n’y a pas trop de courses, tant que je peux aller en montagne, courir, découvrir, ce n’est pas très grave. Je ne suis pas acharné de la compétition.
(A) : En parlant de découverte, tu as très peu couru dans les Pyrénées, tu n’es pas tenté ?
(XV) : Si si pourquoi pas ! Généralement en août j’ai l’UTMB donc ça complique un peu. Cette année j’aurai pu aller faire un tour dans les Pyrénées mais je me dis que j’ai encore un peu de temps devant moi, enfin je l’espère. Plutôt que de vouloir être partout, je me dis que pour les prochaines années j’aurai un massif comme celui-ci à découvrir, je pourrai prendre le temps.
(A) : En parlant de l’UTMB, dans de précédentes interviews (avec Germain Grangier ou Julien Jorro), en les écoutant, on comprend qu’il n’y a pas d’équivalent dans la ferveur, l’engouement, la dimension. C’est quelque chose qui te motive pour en prendre le départ ? Tu as tout gagné là-bas, qu’est-ce qui te motive à y retourner presque chaque année ?
(XV) : Il y a plein de choses qui me motivent à prendre le départ. Ce n’est jamais une obligation. Déjà c’est une course qui est à 2h de la maison (ndlr : Xavier réside dans le Doubs). Techniquement c’est un ultra qui me convient, les horaires aussi me conviennent. On part le soir, il y a toute la nuit et le matin aussi on court à la fraîche. N’étant pas un adepte de la chaleur, il y a une grosse partie de la course “au frais”. Et puis l’ambiance est incroyable.
Mes partenaires (ndlr : on peut citer Camelbak, Asics, Garmin) y sont aussi attachés donc l’an prochain j’y retournerai.
(A) : Tu as imaginé l’Ultra 01, un événement qui te ressemble sur les chemins de ton enfance, peux-tu nous parler de ce qui fait sa spécificité ?
(XV) : C’est un ultra au profil jurassien (ndlr : il se déroule sur le département de l’Ain) donc assez vallonné, technique sans être très technique mais exigeant car sur des terrains qui se courent tout le temps.
Ce qui est agréable sur l’Ultra 01, c’est qu’il se déroule dans une région où il pleut assez souvent donc on y trouve de la fraîcheur et c’est vert ! (ndlr : vert en tout point de vue puisque l’édition 2020 aura voulu que le 3ème au scratch soit l’emblématique Casquette Verte)
(A) : Comment te vois-tu évoluer dans ce milieu ? Dans 10 ans ?
(XV) : Tout va dépendre des objectifs. Chaque coureur a des objectifs différents, des envies et des capacités de récupération qui ne sont pas les mêmes.
Je me connais, je sais que je ne peux pas courir plus de 3 ultra-trail dans l’année sinon je suis fracassé. Je suis plus coureur d’un jour que de 5 jours (rires). Généralement les coureurs qui font beaucoup d’ultra font 3-4 ans et derrière ça ne suit pas. C’est normal aussi. Après chacun doit connaitre ses limites, d’ailleurs cette année j’ai fait le GR 20 et je ne ferai pas d’ultra-trail.
J’espère pouvoir continuer à courir à 50-60 ans, pas forcément avec mon niveau actuel mais pouvoir aller en montagne et faire des choses qui me plaisent.
(A) : Tu vis dans le Jura, un pays avec une longue tradition de ski de fond. Sport que tu pratiques également l’hiver, tu peux nous parler des activités que tu pratiques à côté de la course à pied ?
(XV) : Le Jura c’est le paradis pour le le ski nordique, vallonné avec de grandes combes et assez froid pour avoir de la neige. Sauf avec des années comme celle-ci et des amplitudes de températures assez énorme. C’est accessible et tout le monde y trouve son compte, amateur comme professionnel. Le terrain est accueillant, ce n’est pas minéral avec des aiguilles. Il y a un côté convivial.
C’est parfait pour pratiquer plus généralement les sports de plein air comme le kayak, le VTT, le vélo de route. Pour le vélo, c’est rempli de petites routes avec peu de circulation à l’inverses des cols des Alpes. Je n’en ai jamais autant fait que cette année. J’alterne beaucoup entre course et vélo de route, sortie longue pour l’endurance mais également pour travailler la force.
Si je fais de gros volumes en course à pied, en fin de semaine je sais que je vais le ressentir.
Merci à Xavier pour son temps et vous pourrez le suivre le 1er weekend de septembre sur l’UTCAM.
© Crédits photos : Ben Becker & Camelbak