Retour sur la Transvésubienne 2017
La semaine dernière, Mathieu du staff Alltricks s’est mesuré à l’une des courses les plus exigeantes et hors norme qui existe en VTT : la Transvésubienne. Une course qui relie Colmiane dans le Mercantour à Nice avec pas moins de 80 km et plus de 3000 m de D+ sur les sentiers de la Vésubie. Mathieu nous raconte son aventure :
Tu as couru Transvésubienne ce week end, comment t’es-tu préparé pour cette course réputée difficile ?
Depuis longtemps je voulais faire cette course mythique qu’est la Transvesubienne. Je m’étais toujours dit un jour je la ferai, c’est un monument du VTT français, il faut l’inscrire à son C.V. Suite à la proposition d’un ami en décembre 2016, nous avons décidé de nous inscrire.
J’ai vraiment commencé la préparation en février 2017, avec un peu de retard idéalement j’aurais dû commencer dès janvier mais les conditions hivernales ne me motivaient pas vraiment. Pendant le mois de février j’ai principalement axé ma préparation sur des sorties en vélo de route entre 80 et 100 km pour travailler la « caisse ». En mars/avril j’ai repris le VTT en faisant environ 2 sorties par semaine, j’ai fait assez peu de sorties « longues » (4 sorties de plus de 4 heures de VTT en tout). La Transvésubienne arrive assez tôt dans la saison, j’ai encore fait quelques sorties VTT pendant le mois de mai sans forcer trop pour ne pas arriver épuisé le jour J.
Je suis donc arrivé le jour de l’épreuve avec environ 1600 km de vélo (route + VTT ) dans les jambes depuis le début de l’année. Résidant en région parisienne il est assez difficile de s’entrainer à faire beaucoup de D+ (ndlr : dénivelé positif) et de chemins « cassants », je savais que ma préparation avait ses limites. Peu importe l’objectif était de finir cette TransV et d’y prendre du plaisir !
Comment étais-tu équipé pour l’occasion ? Peux-tu nous faire un bike check ?
Je me suis aligné sur la course avec un Santa Cruz 5010 CC (vélo en 130mm de débattement et roues de 27.5’’) équipé d’une Pike 130 à l’avant. M’étant renseigné via mes connaissances, ce vélo était le bon compromis pour ce type d’épreuve.
Mon vélo est équipé d’une transmission double plateaux ce qui est très appréciable sur cette épreuve très longue et avec de très forts dénivelés. Je ne regrette pas du tout ce choix. Le fait de pouvoir tourner les jambes dans les longues ascensions m’a bien aidé.
Un point très important pour la Transvésubienne c’est le choix des pneus. Il faut choisir des pneus très résistants pour éviter les crevaisons et déchirures. J’ai roulé avec un Maxxis ardent à l’avant en 27.5 x 2.25 EXO protection et le nouveau Michelin Force AM en 2.25 à l’arrière. Le tout avec 70 ml de préventif NOTUBE dans chaque pneu. Aucune crevaison à déplorer sur tout le parcours. Une bonne motricité à l’arrière, si c’était à refaire je mettrais un pneu avec un profil un peu plus agressif à l’avant type Minion DHF ou High roller pour avoir un peu plus de contrôle dans les longues descentes fuyantes. Au niveau de la pression j’ai préféré sécuriser en mettant 1.7 bars à l’avant et 1.8 bars à l’arrière (je fais 68kg).
La tige de selle télescopique est évidemment indispensable pour une telle épreuve, ma Reverb a très bien fonctionné.
Comment s’est passé la course ?
Le samedi avait lieu le prologue pour se mettre en jambe. Sur un format court de 11km avec un profil descendant (300 m de D+ et 800 m de D-). Départ par petites vagues toutes les 5 minutes.
Toute la première partie est composée d’une longue montée sur une piste de ski, je me sens bien dans cette 1ere longue ascension. Ensuite place à une longue descente très technique qui me met vite dans l’ambiance de la course. Je roule en mode « safety » pour éviter les pépins mécaniques ou physiques, l’objectif pour moi n’étant pas de faire un « temps » sur le prologue mais juste de vérifier si le matériel fonctionne bien et prendre du plaisir avant LA course du lendemain. Le prologue était facultatif et permettait d’avoir 10 minutes de bonification sur son temps de course du lendemain.
Samedi soir nous essayons de nous coucher tôt, réveil matin à 4h15 le dimanche, ça pique…
Ca y est c’est le grand jour. Réveil, petit déj rapide à base de gatosport principalement, c’est dur de bien manger si tôt. 6h du matin c’est le coup d’envoi de cette édition 2017. Nous commençons la course par une très longue ascension d’abord sur une piste de ski puis sur des chemins plus techniques avec les premiers portages. Je me sens bien sur cette 1ère partie de course, je prends un peu d’avance sur mon groupe d’amis. Après environ 1h30 de D+ il est temps d’attaquer la 1ère très longue descente de la journée, au bout de quelques encablures je fais une grosse chute (OTB dans les rochers), me voilà un peu sonné, je me relève, mince j’ai le bras qui traine en arrière ça tire sur l’épaule, je fais un bref mouvement pour ramener mon bras vers l’avant, l’épaule se remboite. Mon genou gauche a pris un bon choc également. Un instant je pense que la course va devoir s’arrêter là pour moi. Je sers les dents, je continue ma descente, la douleur s’estompe, c’est bon je devrais pouvoir continuer la longue aventure. Cette 1ère chute m’a bien calmé je lève le pied dans les descentes, je veux vraiment arriver à Nice !
Au 1er tiers de course je suis rejoint par un ami, on roule ensemble on est sur le même rythme, c’est super de pas se retrouver seul. Au ravitaillement de mi-course nous sommes rejoints par mon frère, nous repartons donc tous les 3 ensemble, super scénario pour éviter la lassitude sur cette 2eme partie de course qui est très longue mentalement et physiquement ! Sur la 2eme moitié de course nous avons affronté deux très longs portages dans du bon « raidard ». Ma stratégie était de pousser le vélo le plus possible afin d’éviter de trop solliciter mon épaule sur les portages, d’autant plus que je ne m’étais pas entrainé à porter le vélo. Mais sur ces 2 longues portions, il n’y avait pas d’autre choix que porter en serrant les dents ! Arrivé au ravitaillement numéro trois il nous reste une bonne vingtaine de kilomètres, dans ma tête je me dis c’est bon la fin de course est proche, mais en réalité cette dernière partie très casse patte s’est avérée très longue avec la fatigue accumulée (nous sommes environ à 8h de course déjà !). Nous avons finalement fait toute la 2eme moitié de course tous les 3 ensembles pour passer la ligne d’arrivée après 10h36 de course. Le finish est grandiose, une descente ultra technique sur les derniers mètres de course, je me fais plaisir à essayer de passer en restant le plus possible sur le vélo, du hard jusqu’à la fin !
Super, nous sommes « finishers », l’objectif est atteint, une très grande satisfaction pour nous !
Un bon plat de riz poulet nous est offert à l’arrivée avec une bière pression bien méritée. Peu de temps pour se reposer il est temps pour notre équipe de remballer le matériel et se diriger vers la gare de Nice ville pour prendre notre train couchette qui va nous ramener à la civilisation parisienne.
Est-ce que tu as pu profiter du cadre et des paysages malgré l’effort et la concentration nécessaire ?
Les paysages sont à couper le souffle, c’est magnifique surtout sur toute la 1ere partie de course qui offre de magnifiques panoramas ! En 2eme partie de course la fatigue m’oblige à me concentrer un peu plus sur les trajectoires et je prends un peu moins le temps d’admirer les paysages.
Y avait-il de l’entraide entre les concurrents dans les moments difficiles ?
Il y a une super ambiance entre les concurrents, le fair-play est de mise. La course est tellement longue que la notion de stress entre concurrents qui existe sur d’autres formats de courses plus classiques n’est pas du tout présente ici.
Que retiens-tu de cette course ?
Je retiens de cette course les paysages magnifiques, la difficulté technique et physique, cette épreuve est fidèle sa réputation #onlythebraves. Il n’y a pas de moments de repos, les descentes sont très exigeantes et dangereuses. Je la recommande à tous les VTTistes confirmés.
1 Commentaire
Bravo les gars, ça fait peur, mais ça donne envie.