Test du VTT SUNN Prim
Après le Shamann, tout-suspendu de 100 mm «full» carbone sorti l’an passé, Sunn complète maintenant son offre de Cross-Country avec un tout nouveau Prim. Ce VTT emmené plusieurs fois cette saison sur les podiums par Joshua Dubau, se distingue par certains choix peu communs, notamment des bases extrêmement courtes. On a eu la chance de tester l’un des rares prototypes avant le lancement de la production de série. Voici nos impressions.
C’est l’une des belles histoires de la saison de Cross-Country qui vient de s’écouler. Nous sommes en mai, à Albstadt, Joshua Dubau dispute sa première manche de Coupe du monde espoirs de l’année avec l’ambition d’un top 5. Mais le Champenois fera beaucoup mieux dans la boue allemande : il montera sur la plus haute marche du podium devant un autre Français, Antoine Philipp.
Le vainqueur du jour posait là les bases d’un exceptionnel millésime 2018, qui le verra ensuite remporter les titres de champion de France et d’Europe et prendre la deuxième place au général de la Coupe du monde U23. Et tout ça au guidon du Prim, le nouveau hardtail carbone de chez Sunn, propulsé comme son pilote sous les feux des projecteurs. La marque française pouvait difficilement rêver meilleur «buzz» pour son semi-rigide, qui arrive donc dans la foulée du Shamann, le tout-suspendu de XC, sorti il y a quelques mois.
Quelque temps après l’exploit de «Jo» à Albstadt, nous avons pu à notre tour rouler l’un des derniers (et rares) prototypes définitifs du Prim, passé également entre les mains de certains coureurs du team Sunn Beaumes de Venise. C’est du côté du Ventoux que nous avons fait pour la première fois plus ample connaissance avec le nouveau hardtail et ses lignes très « sunnistes ».
Le design anguleux du Prim n’est en effet pas sans rappeler celui du Shamann avec le fameux Edge Tubing : on retrouve ainsi sur les deux vélos le même tube supérieur aplati ou encore cette douille de direction avec des arêtes très marquées. L’originalité esthétique et technique ne s’arrête pas là. Vous vous souvenez, le Shamann sortait déjà des sentiers battus avec son fameux amortisseur traversant; eh bien, le nouveau hardtail a aussi son «truc» bien à lui, une sorte de signature «perso» qui le démarque des productions actuelles parfois très stéréotypées.
La fiche technique du SUNN Prim
On veut parler de ce pont tendu entre le tube vertical et le tube diagonal que Sunn a baptisé «concept Y». Au-delà de l’appellation marketing et de l’effet visuel, ce dernier aurait une véritable utilité. « Nous voulions réduire la taille du boîtier de pédalier du précédent Prim tout en renforçant encore la rigidité du cadre à un endroit où elle est capitale. Avec les deux points d’accroche, l’idée était également de mieux répartir les contraintes sur cette zone », explique Baptiste Colrat, le chef produits de chez Sunn.
La marque française se démarque également sur un autre point : le nouveau Prim possède des bases inhabituellement courtes. 420 mm seulement ! Sur un 29 pouces, c’est peu commun, a fortiori quand on parle d’un vélo de Cross-Country. Mais Sunn a osé et après tout, pourquoi pas; ça fait du bien de voir un peu d’audace… Dans le prolongement de ces bases «riquiqui», la marque française a allongé son top tube (600 mm en taille M), le Reach passe lui à 445. Quant à l’angle de direction, il se couche à 69°. Au final, on a donc un grand triangle avant et une partie arrière extrêmement compacte. On verra plus loin comment cette géométrie radicale se traduit sur le terrain…
Abaisser le poids a également été l’un des grands objectifs du cahier des charges de ce nouveau Prim. Il faut dire que l’ancienne version du semi-rigide, avec ses 1350 grammes, ne brillait pas particulièrement dans ce registre. Les aiguilles de la balance sont maintenant plus en accord avec les attentes qu’on est en droit d’avoir sur ce type de vélo.
Quatre modèles
Le nouveau Sunn Prim, dont les premiers exemplaires ont commencé dernièrement à arriver gentiment en magasins, est disponible en quatre modèles différents, par ordre croissant S3, S2, S1 et Finest selon la déclinaison habituelle chez Sunn. Les deux vélos les plus haut de gamme sont dotés du cadre 8.0, les deux autres reçoivent la version 7.0. Le Finest est annoncé juste sous la barre des 9 kg (4799 euros). Quant au ticket d’entrée pour le S3, il s’affiche à 1799 euros. Tous les Prim sont par ailleurs disponibles en trois tailles seulement (S, M et L).
Dans sa livrée la plus haut de gamme (appelée 8.0), le cadre du Prim, uniquement compatible en monoplateau, est annoncé à 950 grammes en taille S. Il faut en revanche compter quelques dizaines de grammes supplémentaires pour la version 7.0, construite avec des fibres un peu moins élaborées. Notre prototype était justement doté de cette dernière livrée. On peut donc imaginer un niveau de performance supérieur avec un cadre en 8.0 et avec une paire de roues de plus haut standing que celles qui équipaient notre vélo. Mais même dans cette configuration plus modeste, le Prim nous a montré qu’il est bien né.
Nerveux en diable !
Voilà en effet un vrai vélo de compétition qui tranche avec les choix plus consensuels de l’ancien millésime. La douille courte et la position sur l’avant mettent de suite dans l’ambiance. Quand on monte sur le Prim, ce n’est pas vraiment pour randonner pépère, on a qu’une envie, c’est envoyer les watts. Et dans ce registre, on n’est clairement pas déçu.
Le nouveau Sunn nous a d’abord plu pour sa nervosité et son dynamisme global. Est-ce l’effet du triangle arrière extrêmement compact et des bases courtes ? Sans doute en partie, en tout cas, quand on se dresse sur les pédales, on sent que le vélo répond du tac au tac. Un régal dans les courtes ascensions en danseuse ou quand il faut placer une accélération. Ce caractère plaira aux compétiteurs de XCO forcément sensibles à ce genre d’argument. Au niveau des sensations de pilotage, le Prim ne manque pas d’attrait non plus. Mais il faut un peu de temps pour s’adapter à lui, un peu comme s’il fallait programmer un logiciel pour décrypter ses réactions.
Ce qui surprend un peu, au début, c’est cette différence entre la partie avant du vélo et l’arrière. Devant, on se sent bien calé dans les courbes, on est tranquille sur les franchissements. A l’inverse, la vivacité derrière peut être un peu déroutante et si on n’y prend pas garde, on peut subir quelques «ruades» intempestives. Mais répétons-le, c’est juste une question d’habitude. Une fois qu’on a le mode d’emploi en tête, le Prim est un régal à rouler que ce soit dans les sections rapides ou dans les enchaînements tortueux. Pour ne rien gâcher, on perçoit un léger «flex» au niveau des haubans qui distille un peu de confort bienvenu et un soupçon de grip à la roue arrière. Au final, ce Sunn nous a séduits par certains de ses aspects atypiques. Si vous aimez les vélos de caractère, vous ne serez certainement pas déçus !